Question 1 : Qui es-tu ?
Je suis Stéphane Esquerré, adjoint au chef du bureau de la donnée, de la recherche et de l’évaluation au ministère de la Justice à la direction de l’administration pénitentiaire.
Question 2 : À qui es-tu rattaché dans l’organisation ?
Le bureau se trouve dans un service support où sont présents les RH et l’immobilier. Il s’agit d’une sous-direction dédiée à l’expertise, qui regroupe à la fois l’innovation et le droit. Cette sous-direction est transverse.
Question 3 : Quelle est cette Good Idea ?
Il s’agit du lancement d’une mission d’évaluation des politiques pénitentiaires. C’est l’occasion pour nous de faire dialoguer des données provenant de différents environnements, de viser des référentiels partagés et de prendre du recul sur des indicateurs clés.
Question 4 : L’idée était d’embarquer quelle population ?
Le ministère de la Justice est régulièrement interrogé par des acteurs institutionnels sur l’évaluation de la politique régalienne de la justice, en particulier de la politique pénitentiaire. C’est un enjeu majeur souvent abordé dans les médias. L’idée était de clarifier cette notion d’évaluation, car toute personne est régulièrement évaluée. Lorsqu’on parle d’évaluation de politique, les gens ont souvent des a priori, craignant d’être jugés ou notés.
L’idée n’est justement pas de juger ou de noter. En parlant de données, il y a aussi des a priori à déconstruire. Nous souhaitons répondre aux attentes des décideurs ainsi que des métiers qui attendent des justifications pour leurs actions. Évaluer, c’est objectiver. Rapporter de la quantification, sortir du subjectif et s’éloigner des faits divers, comme le disait mon directeur, l’objectif est d’identifier de véritables leviers d’action pour réussir à engager des changements significatifs.
Question 5 : Concrètement ?
Concrètement, il y a deux niveaux. Tout d’abord, nous nous sommes engagés sur ce qu’on appelle l’administration centrale, c’est-à-dire les dispositifs au niveau national.
L’idée est également de travailler dans un second temps avec les services déconcentrés, donc les services locaux. Ensuite, il a fallu organiser le travail en plusieurs étapes. La première étape consistait à déterminer ce qu’on appelle des questions évaluatives : quel est l’enjeu du dispositif, quel est l’enjeu de la politique ?
Ensuite, il faut déterminer quels indicateurs évaluer, c’est-à-dire quels aspects cette politique doit modifier. Pour cela, nous nous sommes largement inspirés des indicateurs déjà existants. Nous avons consulté la littérature, notamment académique, ainsi que des référentiels internationaux.
On comprend bien qu’il y a un historique important à ce sujet. Cela nous permet également de résoudre les situations parfois conflictuelles concernant les définitions précises de chaque terme, notamment des concepts comme la récidive, qui peuvent avoir des connotations très juridiques et politiques.
Toutes ces étapes impliquent donc beaucoup d’échanges avec le personnel, à la fois dans le domaine réglementaire et dans l’informatique, avec des enjeux tels que l’accès aux données, la conformité et le respect du RGPD.
Question 6 : Des astuces à partager ?
Étant donné que le sujet est potentiellement polémique, nous avons préféré dédoubler chaque indicateur. Ainsi, nous avons développé à la fois l’indicateur principal attendu par tous et un second indicateur complémentaire, qui enrichit la vision avec une perspective différente. Le projet consiste donc à proposer systématiquement ces deux indicateurs.
Ensuite, nous pourrons procéder à un chiffrage en utilisant ces deux indicateurs.
Question 7 : Quel serait le next step ?
Le next step consistera à communiquer sur ces deux indicateurs. Actuellement, nous avons un rapport qui est très technique, avec une volonté d’être scientifiquement très robuste. L’objectif est que les conclusions soient facilement compréhensibles pour tous les publics. Pour cela, nous allons travailler à la fois sur une synthèse et sur une infographie qui facilitera la communication. Un autre défi sera d’enrichir les indicateurs que nous avons produits en intégrant des données sur d’autres dimensions, notamment en explorant ce qui pourrait être réalisé dans d’autres ministères.
Question 8 : Où te contacter ?
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